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Rencontre avec la porteuse de la flamme olympique

Anne-Marie Benharoun est une figure incontournable du monde associatif du territoire Roumois Seine. Patiente partenaire en cancérologie, elle a créé l’Association Maison du Rétablissement Cancer basée à Saint-Ouen-du-Tilleul grâce à 8 années d’actions collectives dans le cadre du Bosroumois Rose. Elle a été choisie pour porter la flamme des Jeux, elle a choisi la flamme des Jeux Paralympiques. Un symbole, une détermination que nous vous présentons.

A 14 ans, Anne-Marie est elle-même rentrée dans un parcours d’aidant pendant 10 ans, auprès de sa mère, atteinte d’un cancer du sein.

« ça m’a fait ouvrir les yeux sur tout le suivi nécessaire. Ma sœur et moi avions certainement une prédisposition génétique de développer cette maladie. Dans ce cas, une mammographie tous les ans est nécessaire ».

Installée à Bosroumois depuis 2001, Anne-Marie est devenue formatrice en communication, management et gestion. A 38 ans, son surpoids l’amène à suivre un rééquilibrage alimentaire, associé à une pratique sportive. « C’est à ce moment que j’ai commencé le body karaté à l’ASBR, mes enfants étaient pratiquants de karaté. Pour perfectionner ma pratique du body karaté, je me suis inscrite au karaté également. Nous avons tous une ceinture, je suis ceinture bleu, mes enfants sont ceinture noir et marron ! » Elle passe le diplôme d’instructrice de body karaté en 2013. Elle monte en parallèle l’association BodyK&Co portant 3 valeurs essentielles : la famille, la convivialité et la solidarité.

Le principe est d’associer le karaté à de la musique avec des techniques d’attaques et de défense issues du karaté sans contact pour les pratiquants. Ce sport cardio a permis la découverte d’autres disciplines comme le yoga du rire, l’aïkido, le kung fu, l’aquabody … ou une diversification dans des outils de la pratique comme le body karaté sur trampoline de fitness ou sur des steps …

« Nous cherchons à diversifier les expériences ».

Des stages de découverte avec des référents nationaux, des coachs mais aussi de la formation auprès d’autres bénévoles ayant souhaité devenir instructrices de body karaté également ont nourri le réseau de bénévoles autour d’Anne-Marie. 4 personnes ont été formées depuis la création de l’association.

Malgré l’ablation de ses seins et de ses ovaires par prévention, Anne-Marie a eu un cancer au cours de l’été 2016. Malgré le traitement, elle poursuit ses engagements associatifs et caritatifs. Son traitement se termine en octobre 2016. 6 mois après, c’est le 1er Bosroumois Rose rassemblant toutes les actions rentrant dans le cadre d’Octobre Rose qui a pris de l’ampleur sur le territoire Roumois Seine.

 

« Mon ambition était de faire venir les grandes institutions médicales en milieu rural et non l’inverse ». Anne-Marie s’associe avec le centre de lutte contre le cancer Henri Becquerel à Rouen, le CHI d’Elbeuf et la Ligue contre le Cancer 76. « La première année, nous étions 200 personnes à marcher. Aujourd’hui, nous mobilisons 850 participants marcheurs. Ce sont bientôt 150 000 euros que nous leur verserons. 25 % sont attribués à la Ligue contre le cancer 76, 25 % à l’hôpital Becquerel, 25 % à celui d’Elbeuf, les 25 % autres sont pour la Maison du Rétablissement Cancer. Il n’y a pas plus beau résultat que le financement de cette Maison grâce au Bosroumois Rose. L’idée est de redonner aux locaux ce qu’ils ont donné localement en termes de dons. Aussi, je suis les projets que nous finançons au sein des centres hospitaliers et des associations, c’est important pour tous les donateurs. »

 

Avec 12 000 euros, la Maison du Rétablissement Cancer est créée. « Au fur et à mesure, nous tissons notre réseau, nous conseillons, nous discutons, nous échangeons. J’ai l’impression d’être à ma place. »

 

Anne-Marie ne s’arrête pas là, elle passe un DU (Diplôme Universitaire) de Patiente Partenaire à l’Université parisienne de la Sorbonne de 2021 à 2022. « J’ai fait mes stages au sein des hôpitaux avec lesquels nous travaillons. J’ai été confortée dans mon idée de faire des actions de proximité grâce aux nombreuses sollicitations de malades pour du conseil, de l’information, de l’écoute et de la bienveillance. Au sein du Pôle Santé du Roumois, je suis en lien avec le Docteur De Vienne et ses collègues. Des professionnels de santé recommandent notre association aux malades, nous faisons de l’inclusion. Nous suivons une quarantaine de patients, tous types de cancers, sauf les enfants. Il faut savoir que 20 % des malades vivent sous le seuil de pauvreté, beaucoup se sentent seuls et isolés. La spécificité de notre organisation est qu’un patient parle à un autre patient, il y a de la compréhension entre eux, ils partagent leurs expériences et leurs problèmes, ils s’entraident, partagent des solutions et se soutiennent. Ils se confient, ce lien les libère un peu. »

Dans cette Maison, des soins de bien-être sont proposés, des groupes de paroles, des ateliers culinaires.

« Nous faisons intervenir une socio-esthéticienne, une art-thérapeute, une hypnothérapeute, un ostéopathe… Nous demandons seulement 10 euros à l’année pour adhérer à l’association. L’activité physique aide à éviter la récidive. »

 

Anne-Marie Benharoun coordinatrice de l’association Maison du Rétablissement Cancer, accompagnée de Patrick Duval de l’association Elbeuvienne Bulle d’EIR, coach d’activités adaptées, et les pratiquantes de la Maison du Rétablissement Cancer, à la salle de Saint-Ouen-du-Tilleul.

 

L’expérience Jeux Olympiques

Anne-Marie Benharoun nous confie : « Lorsque le Département de l’Eure m’a appelé pour me dire que j’avais été choisie pour porter la flamme olympique, j’ai choisi les Jeux Paralympiques pour le message fort qu’ils transmettent, le message d’espoir. C’est l’occasion pour moi de raconter mon histoire, que malgré ce qui peut arriver, on peut faire quelque chose de tout ça, que malgré les séquelles, nous avons des capacités. L’idée est d’insuffler une nouvelle philosophie de vie. C’est une occasion de porter de l’énergie pour moi-même et les autres, une reconnaissance, un honneur ! C’est aussi un hommage aux personnes disparues. La flamme est le symbole de tout ce que j’ai perdu mais c’est aussi un message d’espoir, de renaissance, de faire autre chose de sa vie, de se dire que tout n’est pas fini. Il ne faut pas se laisser dépasser par toutes ces idées noires. Je suis heureuse de contribuer à atténuer la souffrance. C’est aussi le moyen de mettre en lumière les malades mis à l’écart et stigmatisés, c’est une belle lumière. »

Anne Marie et toute l’équipe de la Maison du Rétablissement Cancer vous donne RDV le 17 mars à 10h au niveau du parking de la salle des fêtes de Saint Ouen du Tilleul pour une marche de 5 km contre 1 don de 5€ à l’occasion de Mars bleu, mois dépistage contre le cancer colorectal.

Article publié le lundi 4 mars 2024